Vanuatu : " îles de cendre et de corail "
Les volcans
du Vanuatu sont situés dans une zone de convergence (subduction) des
plaques australienne et pacifique ; ils appartiennent à la "ceinture de
feu du Pacifique (Ring of fire)" qui concentre près de 70 % de
l'activité volcanique mondiale. Leurs magmas visqueux leur donnent un caractère
explosif qui peut, associé à l'eau, toujours créer des événements
exceptionnels (éruptions hydro-magmatiques de très forte magnitude). Le
cataclysme de Kuwae (entre les îles d'Epi et Tongoa) en 1452 pulvérisa plus de
25 km3 de roches dans l'atmosphère.
S'il est possible de détecter l'imminence d'une éruption, il est difficile de
préciser à quel moment elle se produira ; certains volcans du Vanuatu sont en
activité permanente (îles de Tanna et d'Ambrym), d'autres en sommeil depuis
plusieurs décennies se réveillent et se manifestent par des activités de dégazage
plus ou moins intense au travers de lacs de cratère (Aoba, Gaua). Lopévi, seul
édifice du Vanuatu sans caldeira semble animé de cycles réguliers (15/20 ans)
d'activité et de sommeil. Les volcans sous-marins qui précèdent la formation
des îles colorent les eaux de substances sulfureuses avant d'émerger puis de
disparaître et réapparaître pour finir par former une nouvelle île.
Une grande variété de volcans
Yasur, le volcan actif le plus accessible au monde
en 1994 on remarque que pendant les phases d'activité
importante du volcan de nombreuses bombes volcaniques tombent en dehors du cratère
; en août 1999 des bombes de taille métriques très vésiculeuses sont tombées
à plus de 600 mètres de la
lèvre du Yasur. Les différentes phases de fortes activités enregistrées
depuis 1994 ont comblé le fond du cratère et ramené les sorties des évents
à moins de 150 mètres des bordures du cratère (mesures télémétriques
2002). Les vitesses initiales des éjectas pouvant atteindre 200 m/s rendent les
observations rapprochées à certaines périodes dangereuses.
Les explosions
et les émissions de cendres son générées à partir de trois
zones d'activité mises en évidence en 1988, elles deviennent bien
apparentes sous forme d'évents distincts à partir de 1994. Le centre d'activité
d'un évent (A, B ou C) qui peut être associé à plusieurs bouches actives
peut se déplacer (une centaine de mètres en quelques semaines).
L'activité de type strombolien est animée par des remontées cycliques de larges
bulles de gaz le long des trois principaux conduits qui caractérisent les
zones A, B et C (taille métrique sur plusieurs mètres de longueur en période
de forte activité). Ces poches de gaz se forment par la coalescence partielle
d'une mousse gazeuse produite au toit du réservoir situé à faible profondeur
L'île de Tanna appartient à la partie centrale de l'arc des
Nouvelles Hébrides, âgée de 3 à 6 millions d'années, qui s'étend des îles
Banks (au nord) à l'îlot Hunter (au sud). Elle repose sur la partie sud de
l'arc où la vitesse de subduction
est d'environ 118 mm/an en valeur moyenne par année. L'activité volcanique de
l'île a commencé il y a environ 3 millions d'années avec la formation de la série
de Green
Hill. Elle se limite aujourd'hui au complexe du Yenkahe dont la partie ouest
est occupée par le volcan Yasur
(latitude 19,52° Sud, longitude 169,43° Est).
De nos jours l'activité du Yasur, de type strombolien et vulcanien (observée
depuis plus de deux cents ans), prolonge dans cette zone sud-est de l'île une histoire
volcanique qui a produit depuis une dizaine de milliers d'années des laves
et des nuées ardentes et la construction d'un ancien cône l'Ombus. Le volcan,
dont l'altitude actuelle se situe autour de 365 mètres, peut générer différents
types d'activité
situés sur une échelle de niveaux d'alerte (VAL) de 0
à 4.
Un volcan est considéré comme potentiellement actif s'il
est entré au moins une fois en éruption au cours des dix derniers millénaires.
Environ 630 volcans (volcanisme sous-marin exclu) répondent avec certitude à
ce critère, mais l'on estime à plus de 1 500 le nombre de ceux qui
entrent dans cette catégorie. Beaucoup sont proches de zones habitées et, par
là même, doivent être considérés comme dangereux.
À ce jour, 420 éruptions ayant occasionné des pertes humaines ont été répertoriées.
Depuis le début du XVIIe siècle, 30 d'entre elles ont été responsables de la
mort d'environ 350 000 personnes. Les plus meurtrières ont été celles
des volcans Tambora en 1815 (Indonésie, 92 000 victimes), du Krakatau en
1883 (Indonésie, 36 500 victimes), de la montagne Pelée en 1902
(Martinique, 29 000 victimes) et du Nevado del Ruiz en 1985 (Colombie, 25 000
victimes).
Enfin, la décennie écoulée a connu d'importantes éruptions, comme celles du
Pinatubo, la plus considérable du XXe siècle (Philippines, 800 victimes), de
l'Unzen, au Japon, et de la Soufrière de Montserrat, aux Antilles.
Conseillers scientifiques :
Michel Lardy
Michel.Lardy@noumea.ird.nc
Philipson Bani
Philipson.Bani@noumea.ird.nc