"Le monde n'est pas encore à court de pétrole", estime
l'organisation, pour qui de manière générale les ressources sont "plus
que suffisantes" pour faire face à la demande future.
Mais l'envol des prix du pétrole et du gaz, l'instabilité croissante de
l'acheminement de l'offre et l'augmentation des émissions de dioxyde de
carbone, sont le signe "d'un considérable malaise dans le monde de l'énergie",
ajoute Claude Mandil, le directeur exécutif de l'AIE, organisation qui
regroupe les pays industrialisés consommateurs de pétrole.
L'AIE considère le prix du pétrole comme une "source considérable
d'incertitude". Le scénario d'un prix élevé, c'est-à-dire un baril à
35 dollars en moyenne, aboutirait à une diminution de la demande de 15% à
l'horizon 2030, ce qui correspond à la consommation actuelle des Etats-Unis.
Notons que le prix actuel du baril de pétrole à New-York est de 56.6 $
environ...
Entre maintenant et 2030, les combustibles fossiles, au premier rang desquels
le pétrole avec 121 Mbj (millions de baril/jour), représenteront 85% de
l'augmentation de la demande mondiale, selon l'AIE. Deux tiers de
l'accroissement proviendra de la demande des pays émergents, comme la Chine
et l'Inde.
La consommation de gaz naturel devrait doubler d'ici 2030, tandis que la part
du charbon et de l'énergie nucléaire devrait fléchir.
Un scénario alternatif possible ?
La demande mondiale pourrait-être inférieure de 10% en cas "d'action
vigoureuse des pouvoirs publics" en faveur de la protection de
l'environnement et de la sécurité énergétique.
Dans ce cas, la dépendance des pays consommateurs à l'égard du Moyen-Orient
serait réduite.
Ainsi, la demande de pétrole diminuerait d'un volume égal à la production
actuelle de l'Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis et du Nigeria. De même,
les émissions de dioxyde seraient inférieures de 16% au scénario de base,
soit ce qu'émettent actuellement les Etats-Unis et le Canada.
Pour autant, il nous paraît bien difficile de croire à un tel scénario vu
l'inertie de nos sociétés.