D'abord les temps les plus anciens : de -4 milliards d'années à -600 millions d'années
Pour les temps très anciens, on ne peut pas vraiment parler de "climat" car nos mesures sont trop espacées et incertaines. Pendant cette vaste période nous ne pouvons avoir que quelques données sur la composition de l'atmosphère et ses variations.
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Voici une estimation de la composition des gaz dans l'atmosphère terrestre depuis la création de la planète. Gardez à l'esprit qu'un tel graphique ne vise qu'à donner un aperçu et ne prétend en aucun cas à une quelconque exactitude, impossible à obtenir pour une telle période. Ce qu'il faut surtout y voir c'est que l'apparition du dioxygène est relativement brusque à l'échelle de temps considérée. Il apparaît en même temps que les premières cellules vivantes qui utilisent la photosynthèse. La première question qui se pose est donc : d'où vient cet oxygène ? Ce gaz représente à l'heure actuelle 21% de l'atmosphère et il est tout de même l'élément autour duquel toute la vie s'est organisée. Oxydation |
Ce constat nous amène à déduire que l'oxygène présent dans l'atmosphère doit être produit en continu car il est en permanence "pompé" par tous les processus d'oxydation.
L'oxygène est intimement lié à la photosynthèse, qui s'exprime ainsi : 6 CO2 + 6 H2O --> C6H12O6 (glucose ou C6(H2O)6) + 6 O2, l'énergie nécessaire à la transformation étant fournie par la lumière du soleil. Ainsi les plantes produisent de l'oxygène en même temps que leur glucose mais... l'oxygène ne s'accumule pas dans l'atmosphère pour autant ! car la plante utilise ensuite son glucose qui se trouve réduit via la respiration exactement à l'inverse : C6H12O6 (glucose ou C6(H2O)6) + 6 O2 --> 6 CO2 + 6 H2O. En fin de compte seul le glucose qui a servi à la croissance de la plante pourrait avoir libéré réellement de l'oxygène sauf que... les plantes ne sont immortelles ! et quand elle va mourir, l'intégralité de ses tissus seront dégradés par des bactéries, champignons etc. et... oxydées. Ainsi le bilan de production net sur la vie d'une plante est nul.
Toute cette démonstration ne visant ici qu'à vous montrer que ce qui a été pendant admis : à savoir que l'Amazonie est le poumon de la planète, et que les forêts produisent de l'oxygène, est tout simplement faux.
Le seul évènement qui permettrait réellement
de laisser un éxédent d'oxygène dans l'atmosphère serait que les tissus de végétaux
morts se trouvent dans l'impossibilité d'être oxydés. Et comme il y a de
l'oxygène dans l'atmosphère, cet évènement doit se produire : en effet l'O2
de l'atmosphère est en fait issu de la matière organique seulement quand celle
ci n'a pas été respirée et métabolisée. Le seul processus qui empêche
cette métabolisation de la matière organique, c'est sa fossilisation (sous
forme de kérosène, de matière organique dispersée, de charbon, de pétrole
...). A chaque fois qu'il se synthétise de la matière organique et que cette
matière organique se fossilise, l'O2 libéré n'est pas réutilisé
et s'accumule dans l'atmosphère.
Nous respirons donc un O2 libéré par des végétaux
anciens devenus matière organique fossile.
La sédimentation de matière organique productrice de dioxygène Il faut bien comprendre que l'oxygène de l'atmosphère n'est pas "produit en trop" mais seulement qu'il n'a pas pu être utilisé. Il ne s'accumule pas par excès de production mais par déficit de consommation, même si c'est un peu difficile à comprendre pour nos esprits consommateurs... |
Puisqu'il y a continuellement sédimentation de
matière organique, la teneur en O2 devrait augmenter, ce
que l'on ne constate pas, il existe en fait des processus géologiques qui
"absorbent" certaines quantités d'O2 :
- les chaînes de montagnes où l'érosion met à jour des roches sédimentaires
riches en matière organique, ou des roches contenant des minéraux très
anciens non oxydés. Ces matières se retrouvent finalement exposées à l'oxygène
qui s'empresse de les oxyder enfin. C'est ce phénomène qui donne la couleur
particulière de certaines régions désertiques : la roche mère est grise,
composée en majorité de matières non oxydées, l'érosion arrache une partie
de la matière à ces roches mais le sable qui en est issu n'est pas gris, il
devient jaune suit à l'oxydation des silicates qu'il contient.
-les dorsales où l'O2 dissout dans l'eau de mer
s'infiltre avec elle dans la lithosphère océanique et y oxyde des minéraux.
L'eau qui ressort est totalement dépourvue d'O2.
Comment a évoluée la
teneur en O2 depuis 4,5 milliards d'année ?
Avant 2,5 milliards d'années, pas d'O2 dans
l'atmosphère.
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Depuis 1,8 milliards d'années, il y a de l'O2 (une teneur supérieure à 0,1%). Il y a donc une montée formidable entre -2,5 et -1,8, comment le savons-nous ? En étudiant des sédiments dont on est sûr qu'ils sont en équilibre avec l'atmosphère (sédiment éolien, sédiment détritique torrentiel grossier, sols continentaux désertiques ...). S'ils contiennent des minéraux issus de processus oxydants, c'est qu'il y avait de l'oxygène dans l'atmosphère. De 1,8 milliards d'années à 500 millions d'années Depuis 500 millions d'années |
La teneur en oxygène de notre atmosphère dépend donc à la fois de paramètres biologiques et de paramètres géophysiques. La teneur en oxygène est susceptible de varier si la végétation du globe est modifiée, et si l'érosion (qui dépend du climat) est modifiée. L'humanité intervient aujourd'hui à la fois sur la végétation et sur le climat... Donc à moins que les hypothèses concernant l'oxygène soient fausses, les êtres humains devront dans le futur également compter avec une variation de la teneur d'O2. Précisons quand même qu'aucune variation significative dans la proportion d'O2 n'a pour le moment été constatée. En fin de compte, si la Vie disparaissait, l'oxygène ne serait plus produit et oxyderait petit à petit tout ce qu'il peut pour finir par disparaître à son tour. |
Après le dioxygène,
le dioxyde de carbone
Maintenant que nous avons parlé de l'oxygène, regardons de plus près le
second gaz le plus important pour la Vie : le CO2.
Pour pouvoir étudier les variations de CO2,
il faut les mesurer alors comment s'y prend-t-on ?
- pour estimer le taux de CO2 au début de l'histoire de
la Terre, on transforme toutes les roches carbonatées en CO2
et on applique à la Terre, connaissant la quantité d'H20,
le rapport CO2/H2O des chondrites
(les météorites qui ont participé à la formation des planètes par accrétion,
. C'est cela qui permet la comparaison dans la partie 2
entre les proportions planétaires de carbone sur Mars et Venus. Ce qui nous
donne une pression initiale de CO2 100 000 fois plus
importante que l'actuelle.
- Pour les temps très anciens, on utilise des modèles indirects... en connaissant par exemple la température à un moment donné (grâce aux informations déduites des signaux sédimentaires), les astronomes nous indiquant le rayonnement solaire à cette époque (il y a 4 milliards d'années, plus faible de 40% par rapport à l'actuel), on peut estimer le taux de CO2 atmosphérique nécessaire pour avoir une température d'équilibre donnée.
- Pour les temps paléozoïques anté-carbonifère (entre -500 à -300 millions d'années), l'estimation repose sur des bilans sédimentologiques. Par exemple : des galets indiquent de l'eau liquide, des minéraux oxydés impliquent la présence d'oxygène, des minéraux précipités contenant du carbone celle de CO2. - Pour la période post-carbonifère, tout devient beaucoup plus précis car on utilise l'indice stomatique des feuilles végétales. On sait que plus il y a de CO2 dans l'atmosphère et moins il y a de stomates (ce sont les orifices microscopiques sur les feuilles qui servent à la plante pour respirer). Il faut trouver des fossiles des différentes époques et les comparer avec la végétation actuelle, par exemple, une feuille de chêne. On montre ainsi qu'au carbonifère, la teneur en CO2 était probablement aussi faible que maintenant. Puis elle a augmenté jusqu'au Crétacé (5 fois la valeur actuelle). Depuis cette teneur diminue... Ci-contre le graphique obtenu pour la période allant de -600 millions d'années à nos jours. Le trait noir est la moyenne et la zone pâle la marge d'erreur possible. |
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La baisse considérable de la teneur en CO2 pendant le Dévonien et le Carbonifère (de 400 à 300 millions d'années) est mise en relation avec la colonisation du milieu continental par les plantes vasculaires. Globalement, à l'échelle du millions d'années, il y a donc transfert de carbone de l'atmosphère vers les roches carbonatées.
Par ailleurs, ces données permettent de confirmer la corrélation entre la teneur en CO2 atmosphérique et le climat. La baisse dévonienne de la teneur en CO2 a été suivie par l'importante glaciation Permo-Carbonifère (-300 millions d'années). De la même manière, cette corrélation existe à la fin du Cénozoïque. Au début du Paléozoïque et pendant le Mésozoïque (entre -200 et -100 millions d'années), les fortes teneurs en CO2 atmosphérique correspondent à un climat bien plus chaud qu'actuellement.
Et pour finir le méthane
Le méthane, corps composé de carbone réduit (formule CH4),
ne peut pas coexister longtemps avec de l'O2. En effet, en
présence d'O2, le méthane est transformé en CO2
+ H2O. La réaction peut même être explosive... A faible
dose, cette oxydation est plus lente (heureusement), mais spontanée.
Tant qu'il n'y avait pas d'O2, le méthane pouvait exister dans l'atmosphere. Il était sans doute produit par des fermentations bactériennes diverses, et peut être aussi rejeté par quelques volcans. On ne dispose d'aucune donnée indiquant sa teneur dans le passé lointain. Depuis 2,5 milliards d'année, la photosynthèse, associée à la sédimentation de matière organique a progressivement libérée de l'O2. Ce dioxygène s'est accumulé petit à petit tout en oxydant progressivement tout ce qui peut l'être. A partir de ce moment le méthane "primitif" de l'atmosphère a disparu.
Actuellement, il y a un peu de méthane dans l'atmosphère, coexistant avec O2 : c'est parce que la Vie et les activités humaines en produisent en permanence (rappel, le méthane est naturellement issu des processus de fermentation et tout particulièrement quand ils sont anaérobie (sans oxygène), comme par exemple : les décharges de déchets, le rizières et marécages, la digestion animale).
Plus récent, les variations de l'atmosphère sur les 400 000 dernières années
Sur les 400 000 dernières années, nous pouvons mesurer de nombreux paramètres avec une bonne précision grâce aux calottes polaires. Les cristaux de neige qui tombent chaque année aux pôles emprisonnent des bulles d'air entre eux quand ils se transforment glace. Petit à petit, la glace s'accumule et comme la calotte polaire antarctique fait au maximum quelques kilomètres, la période de temps couverte par cet "enregistrement" s'étend sur environ 400 000 ans. Il faut quand même savoir que plus on remonte loin dans le temps et moins les mesures sont fiables. Une fois les carottes de glace extraites et analysées, que constatons-nous ?
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Note : ces graphiques se lisent de droite à gauche avec la période la plus récente à gauche.
D'abord une période très marquée de 100 000 ans. Tous les 100 000 ans, la planète se réchauffe brièvement (pendant 10 000 ou 20 000 ans) puis se refroidit de plusieurs degrés pendant la plus grande partie du temps avant de se réchauffer de nouveau. Ensuite on constate une corrélation très étroite entre les concentrations de gaz à effet de serre (CO2 et CH4), la température du globe et le niveau de la mer. Tous ces éléments sont liés.
Comment explique-t-on les périodes glacières régulières ? Vous savez que la Terre tourne sur elle-même selon un axe et autour du Soleil également, mais ce mouvement n'est pas invariable. En effet, la Terre connaît au moins trois variations possibles de sa course astronomique connus sous le nom de paramètres de Milankovitch :
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1- la variation d'excentricité : l'orbite de notre planète est légèrement elliptique. Sur de longues périodes, cette ellipse est plus ou moins allongée (son excentricité varie), ce qui modifie la distance moyenne Soleil-Terre. Cette variation a une périodicité qui est de l'ordre de 100 000 ans. 2- des variations d'obliquité : l'inclinaison de l'axe des pôles par rapport au plan de l'orbite terrestre (l'écliptique) varie au cours du temps de plus ou moins 1°30', suivant un cycle de 40 000 ans environ. 3- la précession astronomique : l'axe des pôles décrit un cône dont l'axe est la perpendiculaire au plan de l'orbite. Ce mouvement a une périodicité de 26 000 ans, et une conséquence importante car tous les 13 000 ans les saisons s'inversent (l'hiver devient l'été et vice versa). |
Ci-contre un graphique sur 400 000 ans avec les variations d'insolation, le niveau de l'océan, la concentration de CO2 et la température où l'on voit que toutes des variations sont liées entre elles. Le calcul de ces variations n'est possible avec une précision raisonnable que pour les périodes les plus récentes de l'histoire de la Terre (le dernier millions d'année), et comme elle ont une période plutôt courte sur l'échelle de temps de la planète, ce sont les deux raisons qui font que ces paramètres sont invisibles sur les études du climat plus lointaines citées dans le chapitre précédent. Ca ne veut pas dire qu'ils ne sont pas intervenus, mais seulement qu'il est impossible de le remarquer. Par ailleurs, ces variations de l'insolation ne sont pas seules à expliquer les variations du climat même si elles y contribuent grandement. |
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Note : ces graphiques se lisent de droite à gauche avec la période la plus récente à gauche.
Les autres facteurs qui peuvent intervenir sur
le climat ne sont pas prépondérants dans les 400 000 dernières années mais
ont joué un rôle majeur dans le passé :
- La position des continents. En effet, depuis que le continent antarctique se
trouve au pôle sud, la circulation de courants marins circumpolaire est
possible ce qui modifie les échanges de chaleur. De plus, la glace présente
sur le continent a un albédo élevé et donc contribue à refroidir la planète
en réfléchissant l'énergie solaire.
- L'activité volcanique et tectonique. Une intensification de cette activité
provoque d'abord une refroidissement à cause des émissions d'aérosols qui réfléchissent
le rayonnement solaire. Mais comme le volcan peut aussi émettre certains gaz à
effet de serre, en cas d'activité de grande ampleur, le refroidissement peut être
suivi d'un réchauffement par rapport à la température avant le phénomène.
Ces deux paramètres n'ont aucune incidence sur les variations du climat sur de
courtes périodes, mais expliquent celles qui sont intervenues depuis les temps
très anciens.
Vers la période contemporaine
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La dernière période glaciaire s'est terminée il y a à peu près 10 000 ans. Nous avons vu plus haut que les périodes interglaciaires duraient entre 10 000 et 20 000, en toute logique nous nous trouvons donc plus près de la fin de la période actuelle et le climat devrait avoir tendance à se refroidir. Le premier graphique montre la température pendant les dernières 10 000 années, et celui de dessous les températures sur les derniers 1 000 ans. On peut remarquer l'alternance au cours de ce millénaire entre le début qui était plus chaud et ce qui est appellé la "petite ère glaciaire" pendant le moyen âge. Cette variation du climat n'est pas étrangère à l'évolution des civilisations qui l'ont subie. Les mesures servant à faire ces graphiques sont issues des carottes de glace, mais aussi de l'étude de la croissance des coraux, de l'étude des cernes de croissance des arbres etc. et sont de ce fait bien plus précises que celle des temps plus anciens. Le GIEC (ou IPCC) a élaboré avec toutes les données recueillies le graphique suivant pour les 1 000 dernières années : |
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L'augmentation brusque de la température depuis 1900 est très nette alors que la courbe générale était plutôt à la baisse. Cette augmentation est due au forçage radiatif positif, c'est à dire à l'augmentation de l'effet de serre
. La zone gris clair montre l'amplitude possible de la température, et la courbe bleue la moyenne des incertitudes et indique la tendance. A partir de 1860 nous disposons de données obtenues à l'aide de thermomètres, et dans la dernière moitiée du XXème siècles ces données sont reparties sur toute la planète, c'est pourquoi la zone grise d'incertitude disparaît. Ci-dessous, toujours du GIEC, l'évolution de la température depuis 1860.
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Les deux périodes de réchauffement, de 1910 à 1945 et de 1975 à actuellement sont très clairement visibles. Comment peut-on être sûr que cette augmentation est bien une conséquence des activités humaines ?
Pour de nombreux gaz (voir le chapitre suivant) le doute n'est pas possible car ils n'existent pas à l'état naturel. Les concentrations que nous mesurons dans l'atmosphère aujourd'hui sont donc entièrement liées au développement humain. Pour les autres gaz qui sont naturellement présents, comme le CO2 ou le CH4, il faut procéder différement.
L'atome de carbone possède trois isotopes : Nous avons donc des discriminants du CO2 selon
sa provenance : Or on constate que le CO2 atmosphérique s'apauvrit actuellement en carbone 13 et en carbone 14. L'apauvrissement en carbone 13 indique que l'augmentation de ce CO2 atmosphérique ne vient pas de l'océan, et l'apauvrissement en carbone 14 implique - puisque c'est la seule source possible - que les émissions en provenance des combustibles fossiles augmentent. La prochaine partie fait le point sur les différents gaz, leur proportion dans l'atmosphère, et l'augmentation qui est due aux activités humaines. |