04 11 2004

Une importante étude, la plus détaillée sur le sujet, menée par plus de 250 chercheurs à la demande du Conseil arctique, présente plusieurs scénarios qui prévoient, sur la base du rythme actuel des émissions de GES et du réchauffement attendu, d'une disparition probable de la glace arctique, en période estivale, à la fin du 21ème siècle.

Montée des eaux
Ce rapport, qui paraîtra dans la semaine du 8 novembre indique que les conséquences de cette fonte de la glace arctique (glaciers et permafrost) pourrait entraîner une hausse d'un mètre du niveau des océans, affectant plus d'une centaine de millions de personnes vivant dans des deltas, sur des îles et sur les littoraux.
La fonte de la glace du Groenland, qui devrait elle prendre plusieurs centaines d'années, entraînerait une montée des eaux de près de 7 mètres !

Disparition d'espèces
La disparition de la glace dans l'Arctique est aussi susceptible de provoquer la disparition de certaines espèces de poissons et de mammifères comme l'ours polaire.
"L'ours polaire pourrait complètement disparaître d'ici à la fin du siècle. Il a peu de chances de survivre lorsque la glace estivale est réduite à sa portion congrue", a précisé le WWF.
L'ours blanc se nourrit en effet essentiellement de petits phoques lovés dans des cavités de la banquise qu'il brise en bondissant dessus.

Nouvelles opportunités commerciales
Malgré l'ampleur de la catastrophe attendue, un tel phénomène est aussi considéré comme l'ouverture possible d'un "passage nord" pour le trafic maritime entre les océans Pacifique et Atlantique. Et entrevoit également de nouvelles opportunités d'exploitation de ressources halieutiques et minières qui ne seront plus cachées par les glaces...

Il ne reste plus qu'une quinzaine d'ours dans les Pyrénées françaises contre 200 au début du siècle, alors que leur nombre avait sensiblement augmenté depuis l'introduction de trois ours slovènes en 1996 dans cette région.
Pourtant, la dernière ourse de souche des Pyrénées (Ursus arctos arctos), Cannelle, a été abattue hier par des chasseurs. La sous-espèce de l'ours des Pyrénées, pourtant protégée(1), vient donc de s'éteindre, malgré le petit ourson (de sexe inconnu) qu'elle a mis au monde au printemps dernier et dont les chances de survie sans sa mère sont quasi nulles.

Une battue qui n'aurait jamais dû avoir lieu
L'un des chasseurs a indiqué aux gendarmes qu'il a tiré à bout portant pour se défendre, blessant mortellement l'animal. "Les chasseurs ont agi en légitime défense", a précisé Jean-Marc Michel, le directeur de la Nature et des Paysages au ministère de l'Ecologie.
Pourtant, ces chasseurs venus de la petite commune d'Urdos dans la vallée d'Aspe (Pyrénées-Atlantiques) qui compte une centaine d'habitants, n'auraient jamais dû organiser de battue sur ce secteur. En effet, les chasseurs étaient informés de la présence de l'animal dans le secteur. «Nous avons repéré des indices frais de crottes et des sites de couches samedi dernier, et nous leur avons transmis ces informations, rage Jérôme Ouilhon, animateur du Fiep, une association écologiste locale. Dans ce cas, un accord tacite avec les chasseurs permet d'éviter la confrontation prévisible.

L'Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) s'insurge : "Cela s'appelle du braconnage sur une espèce protégée. Ce n'est pas la première fois que des chasseurs tuent des ours dans les Pyrénées : l'ours Claude en 1994, puis Melba en 1997, puis l'ours Papillon qui avait reçu une cinquantaine de plombs.
Cela prouve une fois de plus que l'on ne peut pas faire confiance aux chasseurs pour protéger les espèces fragiles et qu'il devient impératif de créer des zones refuges sans chasse pour la faune."
Jean-Marc Michel signale qu' «Après cette catastrophe écologique, nous allons vite réfléchir à l'instauration de zones de non-chasse dans les secteurs fréquentés par l'ourson orphelin, et par les ours de manière générale". Le préfet des Pyrénées-Atlantiques Philippe Grégoire va prendre ce jour un arrêté préfectoral pour suspendre la chasse dans la zone où se trouve l'ourson orphelin.
L'arrêté interdira également aux promeneurs de chiens de pénétrer avec leurs animaux dans cette zone, a ajouté le préfet lors d'une conférence de presse. "La zone de tranquilité" de l'ourson sera modifiée en fonction des déplacements de l'animal.

L'ASPAS et le WWF vont porter plainte
l'ASPAS, dans un communiqué indique qu'elle "va déposer plainte contre le tueur de Cannelle et contre le président de la société de chasse pour destruction d'espèce protégée. Ce délit peut être puni de six mois d'emprisonnement et de 9 000 € d'amende (art.415.3)."
De plus, L'ASPAS rappelle qu'un rassemblement co-organisé samedi avec la SPA et le WWF pour défendre la grande faune, loups, lynx et ours, est prévu samedi 6 novembre à 14 h devant le Panthéon à Paris, ainsi qu'à Nice, Place Masséna (entrée zone piétonne).

L’ancienne ministre de l’Environnement, Dominique Voynet, a dénoncé "l'irresponsabilité de quelques chasseurs extrémistes", les "tergiversations du ministre de l'Ecologie incapable de tenir tête aux lobbies" et "la complaisance des parlementaires saisissant chaque occasion pour rogner les dispositifs de protection des espèces sauvages et étendre les droits des chasseurs".

La chasse aux loups continue...
Ce désastre intervient alors que 2 loups doivent encore être tués après l'abattage de deux premiers, dans le cadre du programme gouvernemental autorisant la "destruction" de quatre loups avant la fin de l'année dans les Alpes.

Note :
(1) L'ours brun des Pyrénées est protégé par la convention de Berne et par la directive européenne «Habitats».

En savoir plus :

19 nouvelles réserves de biosphère dans le réseau MAB de l'UNESCO


Dix-neuf nouveaux sites - dans 13 pays - ont été ajoutés au Réseau mondial des réserves de biosphère de l’UNESCO. Ce Réseau compte désormais 459 sites dans 97 pays. Une extension et une modification des frontières d’une réserve existante ont également été approuvées, ce qui illustre la vitalité du Réseau et son souci d’améliorer en permanence les sites existants.

Ces ajouts et ces modifications au réseau de la biosphère ont été approuvés par le Conseil international de coordination du Programme l’Homme et la biosphère (Man and the Biosphere, MAB) de l’UNESCO, lors de sa 18ème session, qui s’est tenue du 25 au 29 octobre au siège de l’UNESCO à Paris. Depuis 30 ans, le Programme est en première ligne pour donner une base scientifique au développement durable.

Les réserves de biosphère sont des lieux reconnus par le MAB, dans lesquels les communautés locales sont activement impliquées dans la gouvernance et la gestion, la recherche, l’éducation, la formation et le suivi, cela dans l’intérêt à la fois du développement socio-économique et de la conservation de la biodiversité.

Les sites désignés ou ayant fait l’objet d’une extension sont les suivants :

  • La Réserve de biosphère de Taza (Algérie), se caractérise par des falaises impressionnantes, des plages, des montagnes et des vallées. Elle abrite une espèce de singes menacée. Les perspectives en matière de tourisme sont immenses et s’inscrivent dans une stratégie globale consistant à concilier économie locale et environnement naturel.
  • La Réserve de biosphère de Gouraya (Algérie), se caractérise par des paysages typiques sur les zones côtières et à l’intérieur des terres et par une grande variété d’écosystèmes. C’est une destination idéale pour l’écotourisme. Le développement agricole des communautés locales y est également envisagé.
  • La Réserve de biosphère de Pribuzhskoye-Polesie (Bélarus), qui s’étend sur les vastes zones humides de la région transfrontalière de Polésie, abrite différentes communautés naturelles et culturelles. Elle se caractérise par des forêts de pins, des tourbières, des prairies et des forêts inondables, lesquelles sont extrêmement rares. Elle complète la Réserve de biosphère de Polésie occidentale en Pologne, limitrophe, et la Réserve de biosphère de Shatsky, en Ukraine. À l’avenir, ces dernières pourraient former la base d’une réserve de biosphère transfrontalière trilatérale pour la région de Polésie.
  • La Réserve de biosphère du littoral de la Baie Georgienne (Canada), qui englobe la partie Est du lac Huron, inclut les sources du Saint-Laurent et recèle l’un des plus grands archipels d’eau douce au monde. Résultat d’une collaboration extraordinaire entre les communautés autochtones, les habitants et un consortium représentant, entre autres, les entreprises locales et les autorités locales et régionales, cette réserve incarne une vision commune du développement durable et de la conservation de l’environnement et de la culture.
  • La Réserve de Biosphère de Foping (Chine), qui est l’un des trois principaux habitats du panda géant dans le pays, regorge également d’espèces de plantes médicinales et dispose d’un potentiel significatif en matière d’écotourisme et de recherche scientifique.
  • La Réserve de biosphère de Qomolangma (Chine), est la partie chinoise de l’Himalaya. Elle comprend la plus haute montagne du monde, le mont Everest (d’où le nom chinois « Qomalangma » est tiré) et se caractérise par des écosystèmes alpins extrêmement rares et par la richesse historique et culturelle du Tibet.
  • La Réserve de biosphère de la mer des Wadden du Schleswig Holstein - extension (Allemagne) a été désignée comme Réserve de biosphère en 1990 et se compose d’un parc national et de zones humides reconnues d’importance internationale par la Convention de Ramsar. Elle est aujourd’hui étendue pour pouvoir répondre aux critères établis à Séville en 1995 pour les réserves de biosphère. Cette extension, initiée par les communautés des îles de Hallig, donne lieu à une zone de transition grâce à laquelle l’identité régionale - sous la forme de produits et de services locaux- peut être renforcée.
  • La Réserve de biosphère de Nanda Devi (Inde) est située dans les montagnes himalayennes au nord du pays. Le Parc national Nanda Devi, qui est un site du patrimoine mondial, et le parc national de la Vallée des fleurs forment sa zone centrale. Les communautés locales des régions du Lata-Tolma-Malari et du Pindari bénéficient du développement de sources de revenu alternatives, comme l’écotourisme, et de l’essor d’une importante palette d’activités agricoles.
  • La Réserve de biosphère de Selva Pisana (Italie) est une région côtière située dans l’ouest de l’Italie. Elle met en relation le parc régional Migliarino-San Rossore-Massaciuccoli et le projet d’urbanisme et de développement socio-économique de la municipalité de Pise qui s’appuie sur l’agriculture durable, la sylviculture, le tourisme, la préservation de l’écosystème et sur une expérience pratique consistant à réduire « l’empreinte écologique » négative de la ville sur la zone.
  • La Réserve de biosphère du mont Kuwol (République populaire démocratique de Corée), située sur la mer occidentale de Corée, recèle un riche patrimoine historique et culturel remontant aux origines du bouddhisme et de la culture coréenne. Le site, qui est aussi une zone importante de riziculture, vise à trouver un équilibre entre la préservation des fonctions écologiques et hydrologiques essentielles et une production alimentaire durable.
  • La Réserve de biosphère de Ría Celestún et de Ría Lagartos (Mexique) comprend des régions côtières du golfe du Mexique dans la péninsule du Yucatan. On y trouve d’importantes zones humides relevant de la Convention de Ramsar relative aux zones humides. À l’avenir, ces deux sites pourraient être regroupés afin de promouvoir l’utilisation raisonnée des ressources naturelles dans la région.
  • La Réserve de biosphère de Kedovaya Pad (Fédération de Russie), sur la côte Pacifique du pays, vise à protéger des espèces en danger, comme le léopard de l’Amour en développant les efforts de préservation et les possibilités de revenus durables pour les générations à venir.
  • La Réserve de biosphère de Kenozerskiy (Fédération de Russie), dans le nord-ouest du pays, comprend des écosystèmes de forêts vierges de taïga et une zone tampon dans laquelle les techniques de sylviculture durable sont pratiquées. C’est aussi une zone de transition dont les activités, comme le tourisme mais aussi l’artisanat et le commerce traditionnels, sont relancées. Le site est un habitat d’importance mondiale pour les oiseaux migrateurs et il présente des écosystèmes forestiers et marécageux uniques.
  • La Réserve de biosphère de Valdaisky (Fédération de Russie) est située dans le plateau des Valdaï, au nord-ouest du pays. Créée autour d’un parc national, elle s’appliquera à fournir des emplois dans la région en encourageant une utilisation des ressources respectueuse de l’environnement.
  • La Réserve de biosphère du Karst (Slovénie) s’organise autour des grottes de Skocjan, sa zone centrale, qui figurent aussi sur la Liste du patrimoine mondial et relèvent de la Convention de Ramsar relative aux zones humides d’importance internationale. La réserve entend intégrer et coordonner pratiques agricoles durables et préservation des grottes et des processus hydrologiques locaux, en contrôlant la pollution en surface et la pollution des sols par les engrais et les eaux usées.
  • L’unité de Réserve de biosphère de Babia, cordillère de Gran Cantabrica (Espagne) est située dans la région autonome de Castille et León, au nord de l’Espagne. Elle a été ajoutée à la Réserve de biosphère composée de plusieurs unités qui s’étend à travers les Monts cantabriques.
  • La Réserve de biosphère de Kanneliya-Dediyagala-Nakiyadeniya (KDN) (Sri Lanka), qui comprend des forêts tropicales de basses terres et de montagne, abrite une importante ligne de partage des eaux alimentant de nombreuses rivières et ruisseaux qui sont vitaux pour l’agriculture et la production d’énergie de la région.
  • La Réserve de biosphère de Cat Ba (Vietnam) est un archipel situé au nord du Vietnam. Il jouxte le site du patrimoine mondial de la Baie d’Ha-Long et abrite une espèce endémique de singe qui est menacée, le langur de Delacour. Importante zone côtière de pêche, la région recèle un potentiel énorme en agriculture et en aquaculture et dans d’autres domaines de développement.
  • La Réserve de biosphère du Delta de la Rivière rouge (Vietnam), également située dans la partie nord du pays, comprend des zones humides d’importance internationale relevant la Convention de Ramsar dans sa zone centrale. Elle abrite de précieux habitats de mangrove et apparaît comme un exemple en matière de pêche durable.

Le changement de zonage concerne la Réserve de biosphère de Minorque (Espagne), où la zone centrale originelle a été étendue afin d’élargir la zone maritime.

Le Conseil du MAB a également examiné le cas de la Réserve de biosphère de Dunaisky en Ukraine, composante de la Réserve de biosphère transfrontalière du Delta du Danube qui s’étend aussi en Roumanie. La construction d’un canal de navigation menant à la mer Noire dans la Réserve de biosphère de Dunaisky a en effet suscité une controverse. Le Bureau a exprimé son inquiétude concernant la modification des zones, effectuée sans consultation sur le plan local, national ou international. Le Bureau a encouragé les autorités ukrainiennes à renforcer les discussions bilatérales avec la Roumanie, son partenaire dans la réserve de biosphère transfrontalière. Le bureau du MAB doit prendre une décision sur cette question après le 20 novembre, lorsque l’Ukraine aura soumis son zonage officiel final pour la réserve.