Serions-nous entrés, d'un seul coup d'un seul, dans le siècle de tous les dangers planétaires? Non plus celui d'une guerre froide qui laissait augurer une fin brutale et incandescente, mais celui d'une sorte de réaction de la Terre, dont le système immunitaire ne peut plus répondre à l'agression permanente de ses hôtes. « La Terre a une peau et cette peau a des maladies; une de ces maladies s'appelle l'homme •>, a écrit le philosophe Friedrich Nietzsche au siècle de la révolution industrielle, précurseur des maux d'aujourd'hui.

Besoins présents et générations futures En 1970, un groupe de grands patrons européens, le Club de Rome, commandait un rapport à un physicien américain. Lequel modélisa un monde prenant en compte les évolutions économiques, démographiques et environnementales.

IL concluait à l'impossibilité de maintenir une croissance forte alors que se terminaient les Trente Glorieuses. Cette prise de conscience, relayée par les pays membres de l'ONU en 1972, faisait qu'il est urgent de s'inquiéter de la santé de 1a Terre. Les ressources s'épuisent, la population augmente... Il faut agir ensemble et maintenant!

émerger la théorie d'un nouveau modèle de développement respectueux de l'environnement et de la gestion efficace des ressources naturelles. En 1980, apparaissait l'expression « développement durable » dans une publication commune de l'Union mondiale pour la nature, du WWF et du Programme des Nations unies pour l'environnement. Mais c'est le rapport Brundtland, du nom de la présidente d'une commission environnementale de l'ONU, sous le titre Notre avenirà tous, qui allait populariser cette formule en 1987 en lui attribuant une définition précise. Le développement durable est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».

Les énergies fossiles se tarissent

Mais ce sont les études des scientifiques sur le « trou de la couche d'ozone » et ses conséquences sur le réchauffement de la planète et celles sur l'épuisement des énergies fossiles qui ont alerté l'opinion publique. Les hommes prennent alors réellement conscience de l'utilité du développement durable. Pour bien marquer ces mêmes esprits, le WWF assène la comparaison suivante: pour que chaque habitant de la planète vive comme un Français, il fallait une Terre en 1961, deux en 1981 et trois en 1999 ! À l'évidence, le système n'a aucune chance d'être à l'équilibre si l'homme continue à être un prédateur de sa planète. Si aucun revirement spectaculaire n'est encore perceptible, au moins la prise de conscience généralisée du danger pour l'humanité a entraîné l'entrée en vigueur des premières mesures au niveau planétaire.

Réchauffement planétaire

Ainsi, pour faire face au réchauffement climatique provoqué par les gaz à effet de serre"'

Les températures augmentent, et l'eau commence à faire cruellement défaut La protection des ressource-, en eau devient un enjeu majeur



L'activité industrielle (y compris celle des véhicules), le protocole de Kyoto de 1997 prévoit que l'ensemble des pays industrialisés réduise de 5,2 % les émissions de gaz d'ici à 2012 en se basant sur le niveau de 1990. Or le plus gros émetteur de ces gaz, les États-Unis, a refusé de ratifier ce protocole. Les scientifiques estiment que la température pourrait s'élever de 2 à 6 °C d'ici à la fin du siècle avec des conséquences considérables sur le niveau des océans par la fonte des glaces (banquise ou glaciers), sur la faune et la flore. Et l'inquiétude est à la mesure de récentes données: les glaciers du Groenland fondent trois fois plus vite depuis

DES RISQUES IDENTIFIÉS


Les ressources en eau se raréfient. Le Programme des Nations unies pour l'environnement évoque une pénurie d'eau douce pour trois milliards d'êtres humains en 2025. Pollution, surexploitation des nappes phréatiques par l'agriculture ou l'industrie sont montrés du doigt dans cette tendance qui va toucher essentiellement

Les pays du Sud par manque de moyen de traitement des eaux de consommation. La déforestation, notamment dans les forêts équatoriales, crée une perte de fixation du CO2 principale responsable de l'effet de serre. Le WWF estime que 200000 hectares disparaissent par semaine.

Ce phénomène entraîne en outre une perte de la biodiversité terrestre. Cela ne représente qu'une partie des risques identifiés auxquels il faudrait ajouter des événements climatiques extrêmes, une raréfaction des ressources en poissons des océans, une progression de la désertification, etc.

 À la mi-août, soixante-huit départements français étaient soumis à des restrictions d'utilisation de l'eau !

Ce phénomène climatique est le plus emblématique car le plus difficile à maîtriser et il suscite également le plus de craintes quant à ses conséquences.

Des réactions salutaires

Notre vie quotidienne, notre comportement individuel commencent à être marqués par des réactions salutaires. Ainsi, le recyclage, grâce au tri des déchets, est devenu un réel geste du citoyen planétaire ou de l'entreprise responsable. Le défi est majeur: en 2001, les vingt-cinq pays industrialisés membres de l'Organisation de coopération et de  réchauffèrent climatique a des conséquences catastrophiques sur des glaciers et les pôles.

Le développement économiques (OCDE) ont produit 4 milliards de tonnes de déchets. Dans cette abondance destructrice (pollution des nappes phréatiques, de l'air pour l'élimination des déchets, etc.), les produits jetables sont montrés du doigt. Plus que symbolique, certains pays ont engagé des actions pour réduire l'utilisation des sacs à usage unique, notamment dans la grande distribution. Depuis le 1e août 2003, les grandes surfaces de la Corse ont supprimé la distribution de ces sacs qui nécessitent de cent à quatre cents ans pour leur dégradation. Aujourd'hui, une majorité de grandes enseignes en font de même. Parallèlement, toute une économie environnementaliste commence à émerger. Les énergies renouvelables suscitent de plus en plus d'intérêt, dont l'électricité produite avec des éoliennes, bien que la France reste encore en retrait (0,06 % de l'énergie électrique en 2002).

Les véhicules hybrides à moteur thermique et électrique, moins gourmands en carburant, sont en phase de développement en attendant que d'autres technologies (pile à combustible, hydrogène) arrivent à maturité. Dans la construction, la norme « haute qualité environnementale » (HOE), qui prend en compte l'environnement dans le choix des matériaux et génère des économies d'énergie, commence une percée remarquée, surtout dans le cadre des commandes publiques.

L'urgence est désormais avérée par les constatations scientifiques. Sans être alarmiste, il faut que dès aujourd'hui chaque citoyen adopte le bon geste... II s'agit, ainsi, de mettre en oeuvre la solidarité entre les générations.


QUELQUES CHIFFRES

La croissance démographique devrait voir passer la population mondiale de 6 à 8 milliards d'individus d'ici à 2050

Les ressources énergétiques fossiles estimées aujourd'hui ne représenteraient plus que 41 années de réserve pour le pétrole et 6o années pour le gaz.

l'Union mondiale pour la nature a identifié plus de 15 500 espèces animales et végétales menacées d'extinction, soit 20% de plus qu'il y a deux ans. Les scientifiques estiment que la température pourrait s'élever de 2 â 6 ° d'ici à la fin du siècle du fait de l'émission des gaz à effet de serre.


Carac Magazine n° 59 - octobre 2005