LA MAISON TOXIQUE : Les polluants dans l'habitat

 

Ce dossier s'intéresse à un thème qui nous concerne tous, habitants des pays développés, et qui est en règle générale très méconnu. En effet, la plupart des gens savent maintenant que la couche d'ozone a un "trou", que la Terre se réchauffe à cause des émissions de CO2, ou que plus généralement notre environnement est pollué, notamment les villes qui sont souvent sujettes à des "pics" de pollution. Pourtant cette pollution médiatique n'est pas la seule, et oserons-nous dire, ce n'est pas la plus dangereuse dans l'immédiat. L'augmentation de l'effet de serre fait peser une menace sur toute la vie de la planète dans les siècles à venir, mais personne parmi nous ne mourra des émissions de CO2. Comme l'indique le titre du dossier, le danger qui nous touche tous se loge au plus profond de notre intimité, car il est chez nous, dans nos maisons.

Les constructions conventionnelles ont énormément évoluées dans la dernière moitié du XXème siècle, à partir de la fin de la seconde guerre mondiale. Il fallait construire beaucoup, et construire vite. La multiplicité ancestrale des matériaux et des techniques de construction a cédé la place à des standards préétablis, normés, internationaux. Béton, verre et acier fleurissent partout. Après les "30 glorieuses" sont apparues les premières réflexions sur la consommation d'énergie et sont apparues les premières techniques, puis normes, visant à limiter le gaspillage. L'isolation est réinventée après avoir été ignorée pendant près de 3 siècles : ainsi naissent de nouveaux matériaux isolants, qui doivent eux-aussi être produits en masse, rapidement et pour le coût le plus faible possible. C'est la grande ère des laine minérales (laine de verre et laine de roche). Mais l'isolation entraine de nombreuses modifications dans son sillage car il a fallut adapter tout le reste : ventilation, chauffage, ouvertures & fenêtres, climatisation etc.

Le grand scandale de l'amiante a révélé au grand jour un des problèmes posé par ce développement. L'amiante, fibre miracle que l'on a utilisé partout, pendant près d'un siècle, avec le béton et l'acier pour augmenter la résistance (très faible) des édifices béton/acier aux incendies. Les effets secondaires de cette fibre étaient bien connus avant même que son usage se généralise...

Il me paraît intéressant de mettre un autre élément en lumière : 11 septembre 2001, inutile de revenir sur les événements mais... D'où pouvait donc provenir une telle quantité de poussière grisâtre dans deux tours de verre et d'acier ? cette odeur âcre, entêtante, ce voile gris qui recouvrait tout ? Ce que des milliers de personnes, parfois bénévoles, ont respiré des semaines durant avec pour seule protection un simple filtre en papier n'était rien d'autre un immense nuage d'amiante. Cette amiante même que l'on avait mis partout pour que les immeubles résistent un peu mieux au incendies. Je ne sais pas pour vous mais personnellement je n'ai entendu nulle par pendant les événements une quelconque allusion au sujet. Il est pourtant facile de prédire que 60% des gens qui se trouvaient à Manhattan pendant la semaine qui a suivi le 11 septembre vont mourir à cause de l'amiante dans les 15 prochaines années. Le savent-elles ?

A votre avis, vous croyez sérieusement que l'amiante est la seule chose dangereuse que l'on a mis dans vos maisons sans vous en parler ?

Avant de poursuivre il faut distinguer deux types de constructions :
- les bâtiments commerciaux, les immeubles de bureaux de style international qui sont très semblables quelque soit leur position sur la planète.
- les constructions d'habitation, ces bâtiments sont très "nationalisés", et chaque pays a des habitudes très différentes pour construire ses maisons. En Europe du nord et au USA par exemple la majorité des maisons sont construites en bois, en France la quasi-totalité des maisons sont en maçonnerie lourde.

Ce dossier se penchera plus particulièrement sur les polluants présents dans les maisons de type françaises, ainsi que dans les constructions de bureau qui utilisent les mêmes matériaux/méthodes.

L’habitat conventionnel contient de très nombreuses sources de pollutions qui ont des impacts multiples sur les occupants de la maison. Pour les répertorier et en faire un rapide tour d’horizon nous avons choisi de les classer en quatre catégories :
- Les polluants radioactifs
- Les polluants volatils dans l’air
- Les polluants solides
- Les champs électromagnétiques

Tout n'est cependant pas noir dans le tableau car si nous prenons bien le soin de parler de "construction conventionnelle" c'est qu'elle n'est pas la seule. Depuis les années 70 également sont nés divers courants alternatifs qui ont cherché à utiliser de nouvelles sources d'énergies plus propres plutôt que de seulement chercher à diminuer notre gaspillage. Ces pionniers ont donnée naissance aujourd'hui à ce qui s'appelle "l'écoconstruction" ou "la bioconstruction" ou encore la "baubiologie" en Allemagne. Tous ces termes désignent sensiblement la même chose : des constructions pleine de bon sens, qui utilisent leur environnement pour fonctionner, notamment le soleil, et qui utilisent des matériaux étudiés pour avoir à la fois un impact faible sur l'environnement mais aussi et surtout une nocivité nulle pour l'occupant des lieux. Je tiens à préciser tout de suite que ces maisons écologiques ne sont pas des cabanes préhistorique où l'on s’éclaire à la bougie. La construction écologique est issue de technologies modernes à la pointe du progrès et est résolument dans le domaine du "high-tech", à cette différence près que ce ne sont pas les matériaux qui sont nouveaux mais uniquement notre façon de les utiliser.

Il est plus que temps aujourd'hui de se poser des questions de bon sens sur nos manières de construire et sur la façon dont nous résolvant nos problèmes techniques. Prenons un exemple simple :

 

Pour diminuer le gaspillage, il a été décidé d’isoler les murs ainsi ceux-ci gardent mieux la chaleur. Plutôt que de prendre des produits connus depuis des millénaires pour leur rôle isolant, on a choisi d'en produire des nouveaux : les laines minérales. C'est la première incohérence. Ces matériaux ont tout de suite posé problème, en effet ils perdent tout pouvoir isolant en présence d'eau, mais comme leur rôle même provoque la condensation, il a fallut les protéger avec des films étanches, les "pare-vapeur". Nouveau problème : le complexe isolant étant devenu étanche, il faut ventiler la maison puisque la ventilation naturelle est bloquée. Il a donc été conçu les systèmes de Ventilation Mécanique Contrôlé. Mais là encore la solution pose un problème, car la ventilation qui renouvelle l'air du bâtiment perd du même coup énormément de chaleur. Il a donc été conçu des systèmes forts complexes d'échanges de chaleur pour en perdre le moins possible, mais ces systèmes sont proportionnellement aussi fragiles qu'ils sont complexes... Par ailleurs, comme la maison est très isolée, le moindre apport de chaleur supplémentaire (des invités, un rayon de soleil) et c'est la surchauffe ! Il faut alors climatiser, avec là encore une autre machinerie complexe et énergivore. Lequel système devient une source de microbes qui provoquent asthmes et pathologies respiratoires. On lui ajoute alors un autre système pour combattre les microbes et les poussières qui... bref. Tout cela est d'autant plus absurde qu'il suffisait juste de mettre l'isolant non pas à l'intérieur de la maison mais à l'extérieur. C'est tout.
Et tous les problèmes étaient réglés.

La démarche de la construction conventionnelle est absolument aberrante puisque l'on connaît depuis très longtemps (parfois des siècles !) des moyens d'isolations qui ne sont pas hermétiques, des moyens de climatisation qui ne consomment pas d'énergie, des moyens de construire qui empêchent les surchauffes, etc. Mais tout cela est le sujet d'un autre dossier sur : le Fiabitat ou la construction dans le bon sens.

 

Et nous n’avons parlé ici que des pollutions dans le bâtiment, pourtant la construction elle-même consomme de l’énergie, qui contribue à la pollution globale, et génère des déchets pendant son fonctionnement et également après, quand elle doit être détruite. Les problèmes de pollutions sont vastes et complexes et font peser sur nous une menace trop grande pour que nous n’y prêtions pas attention.