Une incroyable diversité faunistique vit sur cet archipel du Pacifique, au large de l'Amérique du Sud. Tortues géantes, iguanes, pinsons et lions de mer uniques au monde ont inspiré à Charles Darwin sa théorie de l'Évolution des Espèces.

Une légende raconte qu'une tortue géante (aussi appelée éléphantine) encore vivante aujourd'hui aurait croisé le naturaliste, puisque ces reptiles atteindraient 200 ans.
Ces tortues qui ont donné leur nom espagnol à l'archipel se traînent dans l'herbe, la carapace gris noir, le cou ridé, les mâchoires en bec crochu.

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© photo lsoulie@easynet.fr

Darwin débarque aux îles en 1835 sur le navire "Beagle". Partout il observe une prodigieuse diversité animale. Goélands endémiques, cormorans aux ailes atrophiées, iguanes marins, et même des manchots ! Sur chaque île, il découvre une espèce de pinson dotée de traits physiques et d'un mode de vie particulier. 

Darwin étudie ces variations et réalise alors que plantes et animaux se transforment sous la contrainte du milieu. Soumis à la "loi d'airain" de l'environnement, les plus aptes survivent, se reproduisent et transmettent leur patrimoine héréditaire, de mieux en mieux adapté. Jusqu'à ce que les conditions se modifient et qu'une autre lignée s'impose.
24 ans de réflexions plus tard, Darwin publie son livre fondateur "De l'origine des espèces par la voie de la sélection naturelle".

Aujourd'hui il existe 13 espèces de géospizes (pinsons de Darwin) réparties dans l'archipel des Galapagos. 

C'est notamment grâce à ces passereaux que les Galapagos méritent le surnom de "laboratoire de l'évolution". Ces îles volcaniques nées d'une dorsale océanique forment une province de l'Equateur depuis 1986. A l'écart du monde cet archipel abrite les fameux iguanes marins, les seuls lésard plongeurs au monde. Longs d'environ 1 mètre, ils exhibent une caboche antédiluvienne et une crète dorsale qui leur donne un air de Dinosaures.

 Leurs écailles gris-noir, lavées de rouge, sont aux couleursde l'enfer. Leurs ancêtres sont arrivés d'Amérique du Sud sur des radeaux de hasard, lors de catastrophes (ouragans, inondations majeures dans les Andes...). Nos fameux plongeurs descendent à plus de 20 mètres sous la surface brouter des algues vertes et tiennent de longues minutes en apnée. Remontés à l'air libre, ils se chauffent au soleil sur les rochers du rivage en hochant la tête. Peut-être pour dire "enfin tranquille...". Car dans l'eau, les lions de mer les prennent pour des jouets. Ils les mordillent, les poursuivent dans les vagues, les agacent pendant leur repas...

Sous la surface vit une faune abondante : crabes rouges et or (baptisés "Sally pied-léger" à cause de leur célérité), éponges et anémones, alcyonnaires et gorgones, escargots et calmars, langoustes et ascidies... Un univers d'invertébrés que survolent des bancs de poissons (carangues, sérioles, anchois...), avec des barracudas aigus, des mérous lippus et de puissants prédateurs en maraude : thons, marlins, requins de récifs, requins des Galapagos, requins-tigres, requins-marteaux, dauphins, orques...

UN PARADIS SOUILLE
Ces terres insulaires endurent tous les maux dont notre genre se rend coupable. Une récente marée noire (janvier 2001), causée par le naufrage du navire de ravitaillement "Jessica" (près de Puerto Barquerizo Moreno, dans l'île San Cristobal), a alarmé le monde.


La masse de mazout était limitée (700 tonnes) et sans grand danger pour la faune. Mais elle annonçait des souillures autrement graves. 

Les îles Galapagos constituent un symbole, un résumé de ce que la planète subit et de ce qui la menace en menaçant les hommes. Elles sont un rêve de naturaliste, un miracle de beauté, un parc national de l'Equateur (crée en 1959, sur 97% de l'archipel), un haut lieu de la vie classé "patrimoine mondial" par l'UNESCO. Les biologistes de la Fondation Darwin s'en occupent.

 
Mais les Galápagos sont victimes de leur succès : les touristes y débarquent en rangs serrés et viennent admirer une faune qui ne craint pas notre espèce et se laisse photographier poliment. Le lion de mer fait des farces, le goéland becquette quelques repas, l'iguane hoche la tête.
Américains, Européens, Asiatiques ou Australiens arrivent sur de grands navires de croisière ou à bord d'avions charters. Ces visiteurs exigent des hôtels de luxe, qu'il faut approvisionner en eau potable, par cargo, depuis l'Équateur. On comptait environ 10 000 de ces envahisseurs en 1975 et près de 70 000 en 2000 : sept fois plus. Ces honorables voyageurs louent des embarcations pour aller d'île en île et malgré leurs bonnes intentions (ce qui n'est pas toujours le cas), cette affluence abîme ce paradis insulaire. Certains harcèlent la faune et salissent le sanctuaire sous prétexte qu'ils ont payé.

© photo lsoulie@easynet.fr

Mais le tourisme n'est pas seul en cause. La population équatorienne pèse également dans la balance. Depuis 1973, les îles Galapagos forment une province administrative de l'Equateur. La population des Galapagos croît chaque année de 6 à 7% : ils sont près de 20 000 aujourd'hui. Les villages grandissent, toujours plus de béton, de routes, de véhicules. Résidus domestiques, fumées, huiles de vidange... Et il existe une autre sorte de polution : la polution animale. Les immigrants introduisent des animaux familiers ou des commensaux qui constituent un danger mortel pour la flore et la faune endémiques. En principe, ces importations sont interdites. En réalité, elles sont incontrolables. S'ensuit une prolifération de chats, chiens, rats, souris, etc... sans oublier les cochons, chèvres et des légions d'invertébrés. Cette faune  croque les oeufs ou les bébés des reptiles et des oiseaux, concurrence les espèces indigènes, bref se substituent aux trésors vivants que découvrait jadis Darwin.

Quelques liens :

- http://perso.easynet.fr/~lsoulie/