sont connues pour être menacées
Nous n’en sommes qu’à explorer
la partie émergée de l’iceberg dans notre évaluation du statut de
toutes les espèces connues, nous sommes confiants du fait que ce
chiffre est un indicateur de l’état global de la diversité
biologique » dit Achim Steiner, Directeur général de l’UICN.
La liste rouge de l’UICN des espèces menacées, considérée dans le
monde comme le meilleur inventaire de l’état de conservation des
plantes et des animaux, vient d'être mise à jour dans son édition
2003.
Des milliers de scientifiques et de spécialistes de la conservation du
monde entier contribuent à la production de cette liste en rapide
expansion, compilée parl’UICN – Union mondiale par la nature, grâce
à sa Commission de la sauvegardedes espèces (CSE) et ses organisations
partenaires.
Plus de 2 000 nouvelles entrées ont été ajoutées depuis l’édition
de la Listerouge 2002, et 380 taxa (espèces, sous-espèces etc.) ont été
réévaluées. LaListe rouge de l’UICN comprend désormais 12 259 espèces
menacées d’extinction (entrant dans les catégories En danger critique
d’extinction, En danger ou Vulnérable). Un total de 762 espèces de
plantes et d’animaux est maintenant considéré comme Éteint auquel
s’ajoutent 58 espèces vivant seulement en culture ou en captivité.
La Liste comprend cette année quelques additions notables telles que 1
164plantes équatoriennes, 125 plantes hawaïennes, 303 cycadacées et
35escargots des îles Galápagos. Toutes les espèces connues de conifères
ont maintenant été évaluées, y compris une nouvelle espèce découverte
au Vietnam et une espèce redécouverte en Chine. Les nombreux mouvements
vers des catégories de menace supérieure incluent un des plus grands
poissons d'eau douce du monde, trois singes néo-tropicaux et six
albatros.
« La Liste rouge de l’UICN des espèces menacées fournit la
meilleure information disponible nécessaire à une solide action de
conservation. Il faut maintenant une volonté politique et les ressources
pour endiguer la perte debiodiversité. Les activités humaines sont
peut-être la principale menace pour les espèces dans le monde mais
l’homme peut aussi aider à leur rétablissement –l’ibis à crête
de Chine, l’oryx d’Arabie et le rhinocéros blanc sont quelque
sexemples » ajoute Achim Steiner.
Des îles en péril
Des populations de plantes et d’animaux originaires des îles
disparaissent sousl’effet d’espèces envahissantes étrangères qui
constituent une grande menacepour la biodiversité. Des centaines de
nouvelles évaluations de plantes d'Hawaï,des îles Falkland (îles
Malouines), des îles Vierges britanniques, des Seychelles,de Tristan da
Cunha, Ste Hélène et de l’Ascension révèlent de mornes
perspectives.
Sur Tristan da Cunha, Ste Hélène, l’île de l’Ascension ou les îles
Falkland(Malouines) dans l'Atlantique sud se sont développés des
assemblages uniques d’animaux et de plantes qui sont extrêmement vulnérables
aux perturbations d’origine humaine. Comme sur de nombreuses autres îles
dans le monde, la destruction d'habitat, l’introduction d’animaux
herbivores et la prédation par, ou la concurrence avec, les espèces
envahissantes persistent. En guise d’exemple,les espèces
envahissantes ont causé l'extinction de quatre espèces de plantes sur
l’île de l’Ascension que l’on ne trouve nulle part ailleurs.
Les plantes d’Hawaï sont également sérieusement menacées par des
espèces envahissantes. Les animaux herbivores introduits dans les îles
vers la fin du18ème siècle y ont causé d’importants dégâts. Alors
que les plantes autochtones déclinent, les individus restants résistent
difficilement à la compétition avec les mauvaises herbes introduites
et aux attaques d’insectes, dont un bon nombre a également été
introduit. La disparition d'espèces pollinisatrices qui ont évolué avec certaines plantes signifie qu’il y a très peu, voire aucune
chance pour ces plantes de se reproduire. Si l’on y ajoute
l’urbanisation, les infrastructures touristiques, et l'agriculture, le
futur de la flore hawaïenne paraît sombre.
Parmi les 125 évaluations de plantes endémiques (trouvées nulle part
ailleurs)hawaïennes ajoutées à la Liste rouge cette année, 85 sont
menacées et ce nombre est appelé à augmenter. Un exemple est l’hesperomannia
de Maui(Hesperomannia arbuscula), un arbuste en danger critique
d’extinction, poussé à disparition par des menaces variées telles
que la dégradation de l’habitat par lesporcs, la concurrence avec des
espèces introduites (par exemple la mûre épineuse de Floride et le
chardon de Koster), la prédation par les rats, le piétinement ou la
cueillette par l’homme. Il reste moins de 25 individus de cette
espèce
végétale.
Les plantes d’Hawaï ne sont pas les seules menacées par les «
envahisseurs ».L'escargot de Newcomb (Erinna newcombi), classé Vulnérable,
démontre leseffets des invertébrés envahissants sur la faune endémique
de l’île. L'escargotde Newcomb ne se trouve que dans les chutes
d’eau, infiltrations et sourcesisolées, de 6 cours d’eau sur l'île
de Kauai où diverses introductionsintentionnelles et accidentelles de
poissons, escargots, mouches et grenouillesd'origine étrangère
menacent sa survie. La menace la plus grave est la prédationpar
l'escargot carnivore Euglandina rosea, introduit en 1955, qui a par
ailleurséradiqué de nombreuses espèces endémiques de Polynésie et
des îlesMascareignes.
Les escargots des îles Galápagos sont également dans une situation précaire
–49 espèces ont été évaluées ou réévaluées pour la Liste de
cette année etbeaucoup d’entre elles sont En danger critique
d’extinction, et peut-être déjàéteintes. Les espèces
envahissantes, chèvres, porcs, et fourmis de feu, en sontla principale
cause.
« Des endroits tels que les Galápagos, Hawaï et les Seychelles sont
célèbres pour
la beauté qu’elles doivent à la diversité des plantes, des animaux,
et desécosystèmes qu’elles abritent. La Liste rouge nous indique que
les activités humaines nous conduisent vers une vague d’extinctions
qui pourrait rendre ces îles écologiquement et esthétiquement stériles
», dit Steiner.
Les espèces continentales au bord du gouffre
La situation des espèces continentales n’est guère meilleure. Parmi
les singes d’Amérique latine, trois espèces ont été reclassées
dans des catégories de menace supérieures. Le singe hurleur noir du
Mexique (Alouatta pigra) est passé du statut de Préoccupation mineure
à En danger. Il a déjà été confronté à une perte de 56% de son
habitat et, à ce rythme, la population pourrait décliner deplus de 70%
au cours des 30 prochaines années.
Le singe araignée varié (Ateles hybridus), que l’on ne trouve
qu’en Colombie etau Venezuela, passe de En danger à En danger
critique d’extinction, et est maintenant dans une situation de risque
extrême. Il en est de même pour le tamarin bicolore, menacé par la
perte d'habitat due à la croissance urbaine,l’agriculture et le pâturage
du bétail. Il passe également de En danger à En danger critique d’extinction.
Une
seule espèce de primates, le tamarin-lion doré (Leontopithecus rosalia),
aété reclassée dans une catégorie de menace inférieure, passant de
En danger critique d’extinction à En danger. Après presque 30 ans
d'efforts de conservation, incluant l'établissement d'une nouvelle
sous-population partranslocation vers une nouvelle aire protégée, la
population a augmenté.
En Asie, le poisson-chat géant du Mékong (Pangasianodon gigas), un des
plus grands poissons d'eau douce du monde, pouvant mesurer jusqu'à 3 mètres
de long et peser jusqu'à 300kg, ne se trouve que dans le bassin du
fleuve Mékong(Vietnam, Cambodge, Thaïlande et Laos). Il est passé de
En danger à En danger critique d’extinction. Ceci est principalement dû
à la surpêche, la perte d'habitat (par exemple due à l’envasement et
au dragage) et au blocage des itinéraires de migration par la
construction de barrages. Sa population a diminué de plus de 80% au
cours des 13 dernières années.
Le lapin des Boschimans d'Afrique du Sud (Bunolagus monticularis) est
passéde En danger à En danger critique d’extinction. On ne rencontre
cette espèceque dans la région centrale de Karoo, et on estime sa
population à moins de 250couples reproducteurs. Avec la perte et la
fragmentation continue de son habitat,le piégeage, la prédation par
les chats et chiens sauvages, la population devraitencore décliner.
La Liste rouge « verdit » :
La Liste rouge accomplit de grands progrès en augmentant le nombred'évaluations
de plantes. Toutes les espèces connues de cycadacées et deconifères
ont été maintenant évaluées.
Cette année 1 164 espèces de plantes d’Equateur ont été ajoutées
à la Listerouge : 813 sont menacées. Parmi les exemples notables
figure l’arbusteCentropogon erythraeus, En danger, dont il existe
seulement deux souspopulations dans le sud des Andes. L'Equateur est
extrêmement important pourla conservation des plantes, car il comprend
quatre régions très diversifiées –l'archipel des Galápagos, les
plaines côtières, les Andes, et l'Amazone –confinées sur une
surface équivalente à la superficie de l'Italie.
Les cycadacées, les plus anciennes plantes à graines de la planète,
figurentmaintenant également parmi les plantes les plus menacées. Deux
espèces sontdéjà Eteintes à l’état sauvage, et d’autres sont
sur le point de les rejoindre. Cetteannée, 303 espèces de cycadacées
ont été évaluées : 155 (plus de 50%) sontmenacées. Cela fait des
cycadacées un des groupes d’espèces les plusmenacés actuellement
sur la Liste rouge.
Les botanistes ont été heureux de rapporter la découverte d’un
nouveau genrede conifère, Xanthocyparis vietnamensis au Vietnam en
2001; mais l’espèce aété classée dans la catégorie En danger,
compte tenu de son aire de répartitionrestreinte et du déboisement
continu de la région. En outre, l’espèce Thujasutchuenensis, qu’on
croyait Eteinte à l’état sauvage, a été redécouverte enChine en
1999, 100 ans après qu'on l'ait vu pour la dernière fois. Le bois de
cetarbre est particulièrement résistant à la putréfaction et est
utilisé dans laconstruction d’habitations. Il ne reste qu’une sous
population dans une zoneisolée et en grande partie inaccessible et
l'espèce est En danger critiqued’extinction.
De nouveaux règnes font leur apparition dans la Liste rouge
Cette année, pour la première fois, la Liste rouge prend en compte les
algues etles lichens. L'algue de Bennett (Vanvoorstia bennettiana) a été
déclarée Eteinte.On ne l’a collectée que dans deux endroits dans le
monde (Nouvelle Galles duSud, Australie) et elle n'a pas été recensée
depuis plus d’un siècle. Tous lessites où cette espèce était présente
ont été détruits par des activités humaines.
Le lichen Cladonia perforata de Floride est listé comme En danger en
raison deson aire de répartition restreinte, de la perte d'habitat, des
ouragans et desincendies. L’espèce Erioderma pedicellatum est En
danger critique d’extinction.On la rencontrait au Canada, en Norvège
et en Suède, mais sa population afortement décliné au cours des 100
dernières années ; on pense qu’elle estéteinte dans les deux
derniers pays cités.
Menace sur le monde marin
En ce qui concerne le monde marin, six espèces d'albatros font
maintenant faceà un plus grand risque d'extinction que par le passé,
en grande partie en raisonde la pêche à la palangre. Les 21 espèces
d’albatros de la planète sont maintenant toutes considérées comme
globalement menacées contre 16 dans laListe rouge 2000.
L'albatros à sourcils noirs (Thalassarche melanophrys) est passé de
Vulnérableà En danger. C’est une des espèces les plus fréquemment
tuées par la pêche àla palangre et elle est également victime de la
pêche au chalut.
Cette année, le statut de conservation de 175 espèces de requins et
raies a étéévalué ou réévalué. 57 espèces et 19 stocks supplémentaires
sont maintenantconsidérés comme menacés. La biologie des espèces de
requins des grandsfonds les rend particulièrement vulnérables aux
changements d'habitat et auxpressions de la pêche. À mesure que le développement
commercial denouvelles pêcheries en eaux profondes augmente, quelques
espèces pourraientêtre conduites à l'extinction avant que l’on
puisse mettre en place des mesuresde gestion, et peut être même avant
qu’elles n’aient été découvertes ou décrites.La sous-population
d’aiguillat commun (Squalus acanthias) du nord-est del’Atlantique
est maintenant En danger tandis que la sous population du nordouestde
l’Atlantique est Vulnérable. La demande élevée sur les marchéseuropéens
a stimulé la pêche dans le nord-ouest et le total des prises résultantd’un
effort de pêche intense dans le nord-est est en déclin depuis le début
desannées soixante.
La sous population méditerranéenne du dauphin commun (Delphinus
delphis) arejoint la liste dans la catégorie En danger. Sa population a
décliné de plus de50% dans la région méditerranéenne au cours des
30-40 dernières années enraison de la réduction du nombre de ses
proies due à la surpêche et ladégradation de l’habitat. Le niveau
élevé de PCB (biphényles polychlorés) trouvédans ces dauphins
comparé à celui trouvé dans des dauphins d'autres régionsest également
un sujet d'inquiétude.
Malgré le manque de données pour évaluer le statut de l’espèce à
un niveauglobal, la sous population de dauphin de la Plata (Prontoporia
blainvillei) du RioGrande do Sul en Uruguay entre dans la Liste dans la
catégorie Vulnérable. Sapopulation a décliné de plus de 30% depuis
les années 60, principalement enraison de la pêche au filet maillant
dans lesquels les animaux se noient, ladisparition de ses proies et la
pollution chimique.
Une nouvelle entrée dans la Liste rouge cette année, dans la catégorie
Endanger critique d’extinction, est celle de l'ormeau noir de
Californie (Haliotiscracherodii), un escargot marin confiné aux zones côtières
de Californie, et deBasse Californie (Mexique). Son déclin est
partiellement dû à la pêchecommerciale, mais la principale menace est
une maladie appelée le syndromede flétrissement qui a causé un déclin
massif de la population.
« On pense que les espèces marines résistent bien aux risques
d’extinction maiselles sont en train de démontrer rapidement
qu’elles sont aussi vulnérables queles espèces terrestres. Il y a
donc un besoin critique d’améliorer les politiques etles pratiques de
gestion de notre environnement marin » dit David Brackett,Président de
la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN.
Une sonnerie d’alarme
L'Indonésie, l'Inde, le Brésil la Chine et le Pérou sont parmi les
pays comptant lenombre le plus élevé d’espèces connues de mammifères
et d’oiseauxmenacées, alors que les plantes sont en déclin rapide en
Equateur, Malaisie,Indonésie, Brésil et Sri Lanka.
« La Liste rouge est un outil important pour évaluer les progrès dans
la réductionde manière significative de la perte de diversité
biologique d’ici à 2010, objectiffixé par les nations l’année
dernière lors du Sommet Mondial sur leDéveloppement Durable » dit
Craig Hilton-Taylor, en charge du programme de laListe rouge. «La Liste
rouge est avant tout un signal d’alarme pour nous tous. Entravaillant
ensemble, nous pouvons aider à conserver ce qui reste de labiodiversité
sur terre. »